Le gaspillage alimentaire dans le monde - Faits et chiffres
Des pertes de nourriture tout au long de la chaîne alimentaire
Le gaspillage alimentaire a été défini en 2020 dans la loi française comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à un endroit de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée ».Ainsi, le gaspillage a lieu à toutes les étapes de la chaîne alimentaire : 32% de la nourriture étant perdue lors de la production agricole, 10% lors de sa transformation, 13% lors de sa distribution et enfin un tiers lors de sa consommation, incluant la consommation ménagère, mais aussi celle de la restauration collective. Ce sont les fruits et légumes qui sont le plus gaspillés avec un volume de déchets de 450 millions de tonnes chaque année. À l’étape de production, ils sont sélectionnés en fonction de leur aspect, de leur calibre ou de leur couleur ; ceux qui ne répondent pas aux « standards » du consommateur ou du distributeur sont jetés. Mais le gaspillage des fruits et légumes est aussi fréquent au niveau des ménages : 21% des ménages français avouent en jeter au moins une fois par mois.
Avec respectivement 290 millions et 130 millions de tonnes de déchets alimentaires jetés chaque année, les services de restauration et les grandes et moyennes surfaces ont leur part de responsabilité dans le gaspillage alimentaire. Mais le record de nourriture gaspillée est détenu par les ménages.
Les ménages, premiers gaspilleurs alimentaires
Pour 121 kg d'aliments gaspillés chaque année par habitant de la Terre, 74 kg le sont au niveau du foyer. À l’échelle mondiale, la Chine, l’Inde et le Pakistan gaspillent le plus de nourritures, avec plus de 108 millions de tonnes jeté par la Chine en 2023.En France, près de 4 millions de tonnes de déchets alimentaires sont jetées par an par les ménages, soit 61 kg par personne, en comparaison avec la plupart des autres pays, ce chiffre est assez bas. Les Seychelles sont le pays ou les habitants gaspillent le plus de kilogrammes par personne, avec une moyenne de 183 kg par habitant. L’Inde, qui produit énormément de déchet, a un rapport cependant très faible par habitant, avec 55 kg par habitant. Contrairement à ce que l’on pourrait d’abord penser, le phénomène touche tous les pays, quels que soient leurs niveaux de revenus.
Quand on interroge la population française sur les raisons de ce gaspillage alimentaire, près de la moitié des Français avouent jeter un produit car il a un mauvais goût ou une mauvaise odeur et 35% d’entre eux car il est abîmé. Mais cet amas de déchets alimentaires à un coût pour les ménages : près de la moitié de la population française perd entre 1 et 10 euros par mois à cause du gaspillage alimentaire. Un chiffre qui peut monter jusqu’à 50 euros pour 16% des Français. Au-delà de l’aspect économique, le gaspillage alimentaire représente un immense défi environnemental car il utilise inutilement des ressources naturelles et émet des gaz à effet de serre inutilement.
De nombreuses initiatives ont été mises en place pour prévenir le gaspillage alimentaire. Parmi les plus connus, on retrouve l’entreprise danoise To Good To Go, fondée en 2015 par, en partie, la française Lucie Basch. L’entreprise a rencontré un vrai succès, avec plus de 121 millions de repas sauvés en 2023. Le concept de cette application mobile est de permettre aux commerces de proposer aux utilisateurs leurs invendus à prix réduit.
Un impact sur l’environnement sans précédent
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation, le gaspillage alimentaire représente 9% des émissions de gaz à effet de serre du système alimentaire mondial. C’est au niveau de la production agricole que le plus de CO2 est émis par le système alimentaire, elle est responsable de 40% du CO2 total émis. En Chine, premier producteur de blé, de porc, de volailles, et deuxième de maïs, l’agriculture, la déforestation et le gaspillage alimentaire sont responsables de l’émission de près de 2 millions de tonnes métriques de CO2, juste devant le Brésil et l’Inde.Sans surprise, la viande est l'aliment qui émet le plus de CO2 avec un record atteint par le steak de bœuf qui émet près de 130 kilogrammes de CO2 pour un kilo de viande produite. Finalement, la gestion de ces déchets alimentaires constitue également un immense problème menaçant la préservation de la planète. En effet, 56% des déchets organiques – constitués majoritairement des déchets alimentaires - ne sont ni recyclés ni réutilisés. Plus de la moitié des aliments jetés sont donc mis dans des décharges ou incinérés pour produire de l'énergie. En conséquence, dans les décharges, les aliments pénètrent dans les sols et dans l'air et endommagent l'environnement, notamment par l'émission de méthane.
Ainsi, le gaspillage alimentaire a des conséquences à la fois sociales, économiques et environnementales ce qui en fait un des Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU qui prévoit une réduction de moitié du gaspillage alimentaire au niveau des consommateurs et du commerce de détail d'ici 2030.